Ne vieillis pas trop vite...

A son enfant, on susurre parfois secrètement en silence "Ne grandis pas trop vite".

En silence, parce qu'on est tellement fiers de voir tous ces progrès étonnants, fulgurants, auxquels on a modestement contribué en tant que parents. En silence, parce qu'on aurait honte de freiner toute cette belle autonomie, sous prétexte que l'enfance est si jolie à nos yeux de parents.

A ses propres parents, on aimerait dire "Ne vieillis pas trop vite..." parce que même si c'est dans l'ordre des choses, on n'est vraiment pas pressés que ça arrive.

Cette idée même de vieillesse, je crois que je l'ai même gentiment ignorée jusqu'ici. Oui, dans mes yeux, mes parents sont toujours tels que sur les photos de mes 4 ans.

Ces super héros à qui il suffisait que je tende ma petite main et que je la glisse dans la leur pour me sentir plus forte.

Ces super héros qui n'avaient pas de cape mais un vrai super pouvoir : l'amour parental, qui aide à franchir tant d'obstacles a priori insurmontables.

Il y a eu ce coup de fil où j'ai saisi les mots "AVC", "dépendance" et je me suis pris un gros paquet d'années dans la figure d'un coup.

J'ai juste compris que le moment était venu où c'était à moi de tendre en retour une main forte pour avancer vers l'inconnu.

Et c'est de loin le rôle le plus difficile que la vie m'a donné à jouer jusqu'à présent.

Je pensais pourtant que la vie avait déjà pas mal grignoté mon insouciance en devenant maman une, puis deux, puis trois fois, me propulsant définitivement dans le monde des "adultes responsables".

Mais qu'elle était douce cette époque où il suffisait de se tourner vers ses parents pour voir ses tourments disparaître. Hop un bisou guériseur par ci, hop un câlin magique par là. Comme j'aimerais pouvoir, savoir faire de même pour ma Maman...