Famille nombreuse

Ca fait un moment que je ne m'étais pas autant régalée avec une BD. C'est bien simple, on a bien failli faire la fermeture du square tellement j'étais plongée dedans (ce n'est pas les enfants qui s'en plaindront !).

Famille nombreuse de Chadia Chaibi Loueslati, aux éditions Marabulles, est un récit autobiographique sur l'enfance de Chadia, dans une famille franco-tunisienne TRES nombreuse de 11 enfants !

Chadia y décrit avec beaucoup d'humour l'installation de son père qu'on est venu chercher en Tunisie pour travailler en France dans les années 60, puis le rapprochement familial de sa femme et de ses enfants et les agrandissements réguliers et successifs de la famille... jusqu'à 11 enfants !

Son récit très graphique couvre une 20aine d'années, des débuts de la famille, avant sa naissance jusqu'à ses 11 ans, elle y évoque aussi bien le quotidien que les moments forts, et dresse avec talent les personnalités de chacun des membres de sa famille.

Elle raconte avec beaucoup de fierté, la ténacité et l'ingéniosité de sa mère, Omi, qui a réussi à se faire rembourser d'un escroc, obtenir un logement HLM et passer son permis, mais aussi son organisation quasi militaire pour arriver à gérer tout ce petit monde, des 25 litres de lait du petit déjeuner aux 66 chaussures dans l'entrée.

Chadia évoque, toujours avec humour, la figure paternelle, le Daron, avec ses privilèges, son fauteuil rien qu'à lui et ses expressions favorites "ci grâce à mouaaaa" lui qui maîtrisait mal le français (l'auteure nous donne un "décodaron", la machine indispensable pour décoder le daron !)

Chadia donne aussi une large place à l'école républicaine, elle y évoque avec beaucoup de pudeur et d'auto-dérision ses difficultés à se faire accepter en classe, que ce soit par les enseignants ou ses camarades d'école.

On rit beaucoup à sa première invitation d'une copine à la maison, avec le déroutant, et peu appétissant, plat national préparé par Omi, alors que Chadia rêvait de pizza ou de spaghetti.

Car à côté de cette vie très française, la famille conserve ses traditions tunisiennes et un autre épisode raconté de manière si drôle est le sacrifice du mouton ("le mouton qui ressortait de la salle de bain en pièces détachées").

Chadia livre dans ce premier roman graphique un récit très réussi, aussi bien dans ses illustrations que dans les textes drôles. Sous son trait de crayon, on découvre avec plaisir la vie de cette famille très nombreuse... et très attachante !

reçu en service de presse