A l'heure des Mamans

Pendant longtemps je ne pouvais pas supporter d'entendre cette expression, moi la Maman qui n'étais justement JAMAIS à l'heure des mamans.

Moi la Maman fantôme qui ne voyais jamais la classe, ni la maîtresse, ni l'ATSEM, obligée de déposer ma fille à la garderie du matin et de rentrer bien après que la garderie du soir soit finie.

Je ne crois pas que les P'tits loups gardent de mauvais souvenirs de cette période. Certes, leurs journées étaient très chargées mais ils étaient pris en charge par des gens bienveillants, dans des environnements agréables. Ils ont appris à faire avec et ça ne semblait pas trop dur à supporter.

De mon côté par contre, je ne le vivais pas bien du tout. J'avais l'impression qu'on me plantait un pic dans le coeur à chaque fois que je pensais au peu de temps que je voyais mes enfants, dans le tunnel boulot de la semaine. J'avais l'impression de passer à côté de trop de choses. Trop de choses qu'ils vivaient, trop de choses de l'école. Tout n'est pas dans le cahier de liaison : il y a tant de petites affichettes à l'entrée de la classe avec des infos, des listes où s'inscrire que je ne voyais jamais et qui me mettaient sur la touche, malgré moi.

Alors j'ai pris une décision professionnelle radicale, de celles que l'entourage a bien du mal à comprendre "mais tu n'as pas fait tant d'études pour gâcher ta carrière". Et ben si, si c'est la seule solution pour pouvoir voir mes enfants chaque jour autrement qu'en coup de vent (plus qu'une demi-heure matin et soir). Parce que c'est ma clé du bonheur à moi. Davantage que la réussite professionnelle, même si j'ai toujours adoré (trop) mon boulot (et ça, quand on se lance dans des études à 20 ans, on ne l'anticipe absolument pas -en tous cas pas moi-).

Voilà 5 ans que je suis quasiment toujours là à l'heure des mamans et c'est un moment fort de ma journée, ils ont tant de choses à raconter ! Des choses qui auront bien plus de mal à sortir 3h plus tard au moment du repas (souvent je les aide à en reparler pour partager avec le Papa). On discute, ils lisent, font des activités créatives, on sort faire de la trottinette, jouer au ballon, ils m'aident pour la cuisine, on joue à des jeux de société, c'est du bon temps ensemble. Et ça passe bien vite !

Je ne vais pas non plus dresser un tableau idyllique, ces 3h quotidiennes chaque soir sont parfois éreintantes pour moi à jongler entre le goûter, les devoirs, les accompagnements aux activités, les mots à signer, le repas à préparer, les mails urgents et aussi parfois les disputes, les sautes d'humeur... car à la différence de la baby-sitter qui n'avait pour rôle quasiment que de les amuser, j'ai moi des exigences d'éducation. Parfois même, je suis contente quand l'heure de la relève arrive et que tout ne repose plus sur mes seules épaules. Mais nos 3 heureus ensemble chaque soir, c'est un temps précieux, car j'ai le temps de prendre un peu de temps pour chacun d'entre eux, chose qui m'était absolument impossible en rentrant à 19h30.

Cette année, j'avais envisagé de les laisser à l'étude et la garderie pour pouvoir travailler 1h de plus chaque jour, car 16h30 c'est quand même un peu court comme journée de boulot. Quand j'en ai parlé à P'tit Lucky pour lui expliquer que c'était pour travailler davantage et gagner un peu plus de sous, il m'a dit : "c'est pas la peine, je préfère rester avec toi, j'ai assez de jouets et il y a des sous dans ma tirelire si tu veux".

Mon petit coeur de Maman a fondu et j'ai décidé de profiter de l'heure des Mamans tant que c'est possible, car un jour, c'est sûr, ils n'auront plus besoin de moi à l'heure des Mamans.