Expo street art à la Collégiale d'Angers

Mêler l'art urbain et le patrimoine, voilà le pari réussi de l'exposition "A contre-emploi" à découvrir en ce moment à la Collégiale d'Angers. 18 street artistes y font dialoguer leurs créations avec le site classé.

En plus des installations XXL, on peut découvrir des oeuvres d'art urbain qui tiennent dans un porte-monnaie : elle ont été réalisées sur des billets de banque ! En effet, une partie de la collection "Money for Nothing 1001" de Dominique Barlaud y est présentée en exclusivité mondiale.

Cette exposition de street art dans une église se veut très accessible pour faire voyager tous les publics en terres moins connues et je trouve ça génial !

Les artistes de l'exposition A contre-emploi

Pour cette exposition, la curatrice Doris Koffi a invité 18 street artistes aux techniques et aux styles variés à se "confronter" au monument carolingien classé. On parle de confrontation car investir un tel lieu a dû demander aux artistes de redoubler de créativité : eux qui ont l'habitude de s'exprimer sur les murs ne pouvaient évidemment pas y toucher ici ! Et puis, investir une église et ses murs de 13 mètres de haut nécessitait de faire du très grand format pour avoir un rendu intéressant... tout en étant obligé de travailler à l'extérieur puis de faire rentrer les créations par la porte !

Le choix des artistes témoigne d'une volonté de faire découvrir au public un large éventail de cet art qui investit les rues : du graffiti, du collage, du trompe-l'oeil... et même du support numérique !

Voici la liste des 18 artistes (14 hommes et 4 femmes) qui se sont investis pour nous étonner :

Lady K - Ardif - Scaf - Softtwix - Petite Poissone - Chabeuh - Codex Urbanus - The Blind - PMH - Morne - naga - Lady Bug - WOM (Cyril Anguelidis)- BD.ART - Rise Up - YNOT & Polo - Myoho - Laurent Vérité.

C'est un animal géant de Scaf, artiste spécialiste de l'anamorphose qui garde l'entrée de la crypte ! On avait beaucoup aimé ses créations pour le festival street art d'Antibes Coul'heures d'automne.

Le plaisir de retrouver les visages percutants de l'artiste engagée Softtwix découverte avec le festival street art de Moûtiers et qui a investi tout un appartement pour le projet street art Rillieux !

Un beau travail en duo du menuisier Polo et du graffeur Ynot pour une installation sur le lien et les mains tendues dans une société où l'entraide est souvent oubliée.

Un autre travail XXL sur les mains avait été présenté par Ynot à la dernière édition de Peinture Fraîche Festival à Lyon.

Superbe oeuvre de Ladybug dont j'avais admiré le travail de pointillisme à l'expo Roadmap. L'artiste nous étonne et se réinvente ici en appliquant son art sur de l'acier rouillé avec des projections en arrière-plan, dont la lumière passe par les petits trous : magique !

Money for nothing 1001, le street art sur des billets de banque !

Money for nothing 1001 est un projet artistique exceptionnel. Depuis 2012, Dominique Barlaud, architecte d'intérieur et collectionneur d'art passionné, parcourt le monde pour collecter des billets de banque qu'il propose comme support aux plus grands street artistes. En 12 ans, il a ainsi collecté 3000 billets de banque de 62 pays différents et ce ne sont pas moins de 1001 artistes de 37 nationalités différentes qui ont participé au projet !

Cela donne une exposition complètement incroyable, où on reconnaît bien le style de chaque artiste, qui s'est amusé à créer son oeuvre en fonction du support.

Cette avant-première mondiale annonce une prochaine exposition majeure à Paris puis des expositions itinérantes dans différentes villes de province. A terme, cette collection exceptionnelle est vouée à être cédée à un musée : quelle belle et noble idée !

Mon avis : allez-y !

Je trouve vraiment intéressante cette démarche qui casse les codes habituels de l'expo street art en invitant patrimoine historique et culture urbaine à dialoguer. Nous avions déjà eu à Lyon en 2017 une exposition d'art urbain osée dans un musée d'art religieux (souvenez-vous, c'était la folle expo "Watching You au musée de Fourvière").

Cela permet à mon avis de faire se croiser des publics aux intérêts variés. C'est l'occasion de présenter de l'art urbain aux personnes qui fréquentent habituellement les lieux patrimoniaux, mais sans doute aussi de faire venir des passionnés d'art de rue dans des sites classés.

Et j'ai trouvé que l'installation des oeuvres dans ce cadre inhabituel leur donne un autre aspect esthétique, d'autant qu'ici une grande importance a été accordée à la scénographie son et lumières.

D'ailleurs, l'exposition est très didactique avec des cartels comme au musée, des flashcodes vers les instagrams des artistes mais surtout un livret explicatif comportant même un lexique d'art urbain avec les définitions du vocabulaire de l'art de rue (blaze, bubble letters, sketch, tag, wild style...).

Enfin, l'accessibilité de cette exposition, gratuite pour les mineurs et pour tous le dernier dimanche du mois, proposée à un tarif raisonnable de 5€ le reste du temps, est un facteur important pour l'ouvrir au plus grand nombre et notamment aux passionnés d'art de rue, pour lesquels la ville constitue le meilleur des musées gratuits.

Infos pratiques

Exposition "A contre-emploi", Collégiale Saint-Martin 23 rue Saint Martin, Angers.

Jusqu'au 7 janvier 2024. Infos ici.

Du mardi au dimanche de 13 h à 19 h.
5 € tarif plein et gratuit chaque dernier dimanche du mois et pour les -18 ans.

Et juste à côté, on peut faire une pause chez Le Chou Angers qui propose de délicieux choux sucrés (et parait-il aussi salés, ça sera pour une prochaine fois !).

Il y a aussi des spots de graff et de grands murs street art à admirer à Angers, tout est épinglé dans mon Tableau Pinterest Street art Angers !