Je hais les RTT... et le congé parental aussi !

Aujourd'hui j'ai l'honneur d'accueillir Arlette Lapoussette, la plus célèbre des syndicalistes à 4 roues, pour une interview exclusive !

Avant de commencer Arlette, j'ai été étonnée de la photo que vous avez choisie pour illustrer notre interview

Eh ben quoi ? C'est avec ça que je bosse ! Et quand vous voyez comment je suis usée par toutes ces années de labeur, vous pouvez comprendre que je revendique mon droit à la retraite !

Ca fait longtemps que vous avez commencé dans le métier ?

Ah... (soupir) tout a commencé dans une usine BébéConfort il y a 7 ans, mes soeurs et moi on étaient des stars, en affiches partout, on nous prenait en photos pour les catalogues...

Ensuite, il y a eu le magasin, je n'y suis restée que peu de temps car j'ai vite décroché mon premier CDI. A l'époque, tout le monde me voulait !

Et plus maintenant ?

Oh si j'ai encore de beaux restes ! Quand je mets ma nacelle Oxygen, je fais toujours mon petit effet... Limite, on me sifflerait ! Avec la tenue "cosy" que je porte en ce moment, je suis pas mal aussi... Mais avec le hamac, là, c'est clair, je ne fais plus le poids contre les p'tites nouvelles...

Comment avez-vous eu l'idée de créer votre syndicat ?

Au début, tout se passait bien ; on avait convenu dans le contrat que les 2 premiers mois je devais travailler toute la journée mais qu'ensuite j'aurai des horaires allégés en semaine : 5 minutes le matin pour aller à la crèche et le soir le retour avec quelques courses. Et puis, le mal est arrivé : Martine Aubry a inventé les RTT = Roule Tout le Temps. 14 jours de boulot en plus chaque année, c'est pas rien !!!

Et vous n'avez rien pu faire ?

Non, on en a discuté avec les collègues dans la cabane à poussettes de la crèche, on a tenté des manifestations en couinant, on a simulé la panne, mais rien à faire, ils nous exploitent jusqu'à la dernière gomme de roue !

Aujourd'hui vous en êtes où ?

Depuis 4 mois, je vis un ENFER : je ne suis pas passée en horaires allégés au bout des 2 mois réglementaires, la patronne a eu la rallonge du n°3.

J'ai pas bien compris ses arguments, le fait est que je bosse toute la journée.

Justement, racontez-nous votre journée type

Je ne commence pas avant 9 heures parce que j'ai réussi à sauter l'étape de l'école : il y a des marches à monter alors la patronne prend son chouchou, le "Miracle"...

Vers 9h-10h, je sors pour les courses, c'est l'horreur, je dois charrier des choses de plus en plus lourdes, c'est parce qu'il paraît qu'ils sont plus nombreux... Elle charge la mule à mort : 16 litres de lait, 3 litres de soupe, 24 yaourts. Je me demande bien comment j'arrive à rouler avec tout ça. Il y en a souvent plus que le poids du client ! Même le vigile du magasin trouve ça louche et parfois demande à vérifier le ticket...

1h plus tard, c'est retour au point de départ. Des fois, la patronne a le culot de ne même pas me décharger tout de suite, elle se jette d'abord sur le client en disant qu'il a faim, qu'il faut le changer, que c'est urgent. J'aimerais bien voir ses abdos si on lui laissait 35 kg pendant des heures. Enfin, entre 2 allers et venues, elle m'enlève mon fardeau...

Là, en général, j'ai la paix une heure ou deux. Mais qu'est-ce que je m'ennuie, pas de copine pour papoter...

L'après-midi, c'est reparti pour d'autres courses, celles-là je les aime assez, on roule beaucoup et je n'ai pas grand-chose à porter.

Je vois des copines dans le tramway, on échange quelques nouvelles. Indispensable pour me tenir au courant et raviver le mouvement syndicaliste ! Ce que je préfère c'est quand on va chez le pédiatre, quelle ambiance !

Bon, il y a aussi des aspects négatifs à ces sorties : ces fichus trottoirs toujours en travaux, pleins de crottes de chien. Une fois il y a même un chien qui a essayé de m'arroser à l'arrêt de bus !

Ensuite, on rentre et c'est le "Miracle" qui repart à l'école et prend le relais. Ce que je suis contente quand j'ai enfin fini ma journée !

Vos projets à court terme ?

Malheureusement cet enfer à temps plein devrait durer encore 6 mois : la patronne a pris un congé parental. C'est le pompon !

Ah c'est sûr elle me bichonne, elle me dit des mots doux "Mais si tu vas tenir le coup" mais j'en peux plus !

Alors, vivement qu'elle se pointe la petite nouvelle, la Bugaboo Bee, qui se pavanne chez e-zabel parce que moi je veux partir en retraite ! 5 gamins, j'ai assez bossé comme ça !

Vous avez imaginé ce que vous allez faire à la retraite ?

Oh oui j'ai un rêve, j'aimerais qu'on se retrouve avec les copines dans un musée où on pourrait papoter tranquilles derrière une vitre et on viendrait nous admirer... Ca serait chouette...

Ah j'entends qu'on vous appelle...

De l'exploitation, j'vous dis !

Merci Arlette et bonne chance !

Et chez vous, qu'est-ce qu'elles diraient les poussettes ?