L'homme de la montagne de Joyce Maynard

Quoi de plus cool qu'un père policier en charge d'une extraordinaire enquête de meurtres quand on est ado ?

Quoi de pire qu'un policier looser montré du doigt parce qu'il ne réussit pas à protéger ses concitoyens quand on est ado ?

Dans L'Homme de la Montagne, c'est la pleine adolescence pour Rachel, 13 ans. L'attente de ses premières règles, les premiers baisers avec un garçon sont les seuls détails d'une adolescence classique.

Car la vie extraordinaire que Rachel mène avec sa soeur Patty de 11 ans n'a rien de classique. Les deux filles se retrouvent livrées à elles-mêmes après le départ de leur père et la dépression dont n'arrive pas à émerger leur mère. Alors elles vagabondent dans leur forêt de Caroline du Nord, regardent la télé par la baie vitrée des voisins, volent des cacachuètes dans des hôtels pour avoir à manger et s'inventent des activités et des histoires extraordinaires.

Mais voilà que la montagne, LEUR montagne devient le siège de crimes atroces. Et c'est leur père, un bel homme séducteur et charismatique qui est l'inspecteur en charge de l'enquête. Fait qui va soudainement rendre Rachel populaire et lui ouvrir une vie sociale inconnue : tous veulent connaître des détails inédits.

Mais Rachel ne voit son père que dans les interviews télé sur l'enquête. Les meurtres s'enchaînent, son père sombre dans la traque de cet horrible meurtrier et perd peu à peu de son flamboyant... Il faut dire qu'à l'époque, en 1979, les moyens d'investigation n'ont rien à voir avec ceux d'aujourd'hui. Rachel veut l'aider à trouver l'assassin... mais c'est la quête d'une vie, de plusieurs même.

Ce livre est superbement écrit, d'une justesse remarquable sur l'aspect policier de la traque du tueur en série et sur le yoyo hormonal de l'adolescence qui peut pousser à faire n'importe quoi. Il présente une complicité fascinante entre les deux soeurs et la complexité des relations avec un père adoré qui perd de sa magie au fil des ans.

Inspiré d'une histoire vraie, ce roman laisse néanmoins le goût amer d'un trop grand nombre de vies gâchées...